domingo, 27 de abril de 2014

Une approche de la théologie de Juan Luis Segundo

Une approche de la théologie de Juan Luis Segundo

Pierre Dieucel[1]
(La théologie de Juan Luis Segundo est une bonne nouvelle pour l'homme d'aujourd'hui, Pierre Dieucel)

Cette réflexion vise à présenter, sous forme de résumé et dans un langage simple, la pensée théologique de l'un des plus grands théologiens de notre continent latino-américain qui a laissé une des plus importantes contributions à la théologie, en particulier à la théologie latino-américaine. Il s´agit de Juan Luis Segundo.
À cette fin, trois points seront étudiés. Le premier cherchera à présenter l'auteur. Le deuxième développera sa participation à la théologie. Enfin, le troisième montrera son idée de la Théologie de la Libération.

Pendant ma formation philosophique, je suis tombé sur un petit livre, écrit par les frères Boff (Leonardo et Clodovis), intitulé: Como fazer Teologia da Libertação, traduit en français: Qu'est-ce que la Théologie de la Libération. Dans les premières pages, deux épisodes sont racontés. Ils décrivent la réalité dans laquelle les gens vivent dans le continent latino-américain (l'oppression, l'exploitation, la faim, la pauvreté, la violence, etc.).
Le premier est attribué à une femme qui n'avait rien à manger et elle a commencé à avoir faim. En pleine messe, quand le prêtre faisait la distribution de la sainte communion, bien qu ´elle fût arrivée en retard à la messe, elle était allée recevoir le Corps du Christ pour soulager la faim. Après tout, les yeux du prêtre se remplirent de larmes, se rappelant les paroles de Jésus: "Ma chair (pain) est la vraie nourriture ... celui qui me mange, vivra par moi» (Jn 6,55.57).

Le deuxième a été observé par un évêque en pleine sécheresse dans le nord du Brésil : Une dame avec trois enfants en face de la cathédrale. L'évêque estimait que l'un des enfants s'évanouissait plus de la faim. L'évêque disait: «Femme, fait téter l'enfant»! Répondait-elle: Je ne peux pas, Son Excellence. L'évêque insistait à plusieurs reprises et c'était la même réponse: non. Enfin, en raison de l'insistance de l'évêque, elle a ouvert son sein et celui-ci saignait. L'enfant se jeta violemment à la poitrine et a sucé le sang.

Derrière ses événements, nous pouvons noter plusieurs réalités, telles que: la misère, la faim, la pauvreté, etc. Cette situation et d'autres nous mettent en garde et nous questionnent: comment être un signe et voix au milieu du peuple de Dieu, en particulier pour ceux qui souffrent tellement.

En effet, les choses que j'ai lues, m'ont amenées à penser beaucoup plus (un processus de prise de conscience) et commencer une relation plus intime et profonde avec Dieu. C'est bien par là qu'a démarré mon intérêt pour la Théologie de la Libération, puis je suis tombé sur Juan Luis Segundo. Commence donc ma passion pour sa théologie.
Pourquoi l'émergence d'une autre théologie qui s'identifie comme "libératrice", s'il existe déjà une théologie: la théologie classique, académique ou traditionnelle?

C'est une question que beaucoup en sont venus à faire et qui se poursuit aujourd'hui dans les débats théologiques.
Les théologiens de la Théologie de la Libération se sont rendus compte que la théologie académique (classique ou encore traditionnelle) n'était pas intéressée par la réalité de la situation d'oppression et de la misère des peuples latino-américains. Il était donc nécessaire que surgissent nouvelles lectures et propositions capables de répondre à la réalité. Ainsi, apparaît une théologie au sein de l´église qui parle de libération, en assumant les richesses du Vatican II. Cela ouvre la possibilité d'interpréter Jésus en essayant de répondre aux nombreux problèmes du continent latino-américain. C'est dans ce contexte qu´un grand nombre de théologiens latino-américains, inspirés par les réalités (la valorisation de l'histoire, la culture, etc), ont cherché à redécouvrir l'Évangile en la vivant dans la pratique, visent à vivre ou appliquer les valeurs de Jésus-Christ pour une société plus humaine. Compte tenu de ses réalités, le théologien a décidé de porter l'Évangile en paroles et en actes aux pauvres.

Cette nouvelle façon de faire de la théologie n'a pas été bien vue par la hiérarchie catholique en raison de son interprétation qui est censée loin de la foi de l'Église. Elle a été critiquée et évaluée par le Saint-Siège dans le document "Libertatis Nuntius." Cette critique a été étendue aux travaux de certains théologiens comme Leonardo Boff et Jon Sobrino.

Quant à Juan Luis Segundo, l'un des partisans de cette théologie, il a développé une théologie qui est venue à être soupçonnée.
Il s'est rendu compte que cette théologie est infiltrée par trop d´idéologies et d'autres intérêts privés. Ainsi, un de ses travaux était: "desideologizar" la théologie et la libérer.

Aborder la théologie de Juan Luis Segundo est une tâche complexe et difficile. Complexe parce que c´est une théologie qui traite de divers sujets en profondeur. Notre objectif, comme on l'a déjà présenté, est de montrer l'idée qu'il avait de la Théologie de la Libération et comment il l´a développée. Voyons tout d'abord qui était Juan Luis Segundo!

 

Qui était Juan Luis Segundo?

Juan Luis Segundo, un prêtre jésuite, est né en Uruguay (1925-1996). Il étudia la philosophie à San Miguel de l'Argentine, de 1946 à 1948. Lá aussi, il commença ses études de théologie en 1952, mais il les termina à Eegenhoven, en Belgique, en 1956 . Il soutenu une thèse en 1958 intitulée: La chrétienté, une utopie?. Il étudia ensuite à la Sorbonne, obtenant un doctorat d'État à la Faculté de lettres, sa thèse portant sur le philosophe russe et existentialiste chrétien, Nicolas Berdiaeff et le concept de personne dans le christianisme. Il fut le fondateur et directeur du Centre Pedro Favre en 1965. Ce centre fut consacré en particulier à l'étude théologique pour les laïcs. Le Centre, en 1975, après 10 ans, fut fermé par la menace de la répression militaire de la dictature qui prit le pouvoir en Uruguay. Il donnait des cours au Brésil, au Canada, aux États-Unis (Harvard). Décédé le 17 janvier 1996, à 70 ans, 54 années dans la société des Jésuites. Sa mort a provoqué un impact international. Pouvait-on lire aux agences de presse le fait: La Théologie de la Libération a perdu un de ses pères et l'humanisme contemporain un de ses principaux représentants. Au cours de la messe d´adieux, il fut décrit comme un pionnier, un maître sage et un classique de la théologie contemporaine.

Dans le journal "El País de Madrid", on peut également lire: L´humanisme en Amérique latine va de Bartolomé de las Casas à la réflexion actuelle de Juan Luis Segundo.
Au cours de sa vie de prêtre et de professeur, un des participants de son groupe d'étude a déclaré: "Nous n'avons que deux problèmes avec Juan Luis Segundo. Le premier: il pense qu'il est un génie. Le deuxième: il l´est " (il est un génie).

Son engagement et son idée de la Théologie de la Libération
Retourné de l'Europe (à Montevideo) avec une formation européenne, (mais cela ne veut pas dire qu'il s´exprime dans le même language de ses maîtres. Selon lui, c'est quelque chose aliénante et utopique), il est parti de la base théologique européenne pour penser la réalité du peuple chrétien latino-americain.
Ainsi, il a élaboré beaucoup de ses réflexions en remodelant la foi chrétienne à la lumière des situations. Il a profité les études européennes, mais celles-ci n'ont pas réussi à l'arrêter par les courants d´érudition européenne. Il a perçu que pour aider les gens à prendre conscience, ils doivent se rendre compte des mécanismes de distorsion de l'aliénation qui existent dans la religion. À cette fin, il a souligné que seule une méthode appropriée conduit à la religion ne devienne pas une fin en soi, mais pour arriver à être un élément d'humanisation au service de tous. Ainsi, selon lui, pour élaborer un processus d'humanisation (bonne pensée), il ne suffit pas d'avoir une bonne couverture et bons principes. Il est donc nécessaire, d'abord, de suspecter que la théologie qui est internalisée dans la plupart des fidèles, cherche à les retirer des préoccupations des problèmes de l'humanité. Telles que la pauvreté, la rationalité unidimensionnelle, la passivité historique, etc.

Par conséquent, il a noté qu'il a été beaucoup parlé: ceux qui faisait le discours de libération. Ils croyaient juste (uniquement) dire ce mot (libération) et déjà ils changeaient la réalité.
En ce sens, il craignait que ses pensées tombassent dans ce piège stérilisant: de préparer un discours qui parle uniquement de libération, mais plutôt un discours qui est capable de libérer la théologie de tout ce qui est paralysant et aliénant. De ce fait, afin de donner plus de sens dans sa pensée théologique, il se voit obligé une méthode herméneutique, en collaboration avec les contenus (les mots, les expressions... de la théologie). Il a résolu cette méthodologie dans son livre intitulé: Libération de la Thélogie. L'objectif n'est pas tant d'analyser le contenu (les mots de la théologie), mais la méthode.

En prenant en considération ce qui jusqu'ici a été présenté, nous pouvons reformuler la question: Quelle était l'idée de Juan Luis Segundo de la Théologie de la Libération et comment l´a-t-elle développée?

Juan Luis Segundo avait l´idée que la Théologie de Libération pouvait contribuer à l'oppression en raison de son comportement idéologique que, au lieu d´aider, réprime le potentiel d´humanisation de la foi. Cette suspicion l´a amenée à s'intéresser à la Libération de la Théologie. En ce sens, selon Coronado Jésus Castillo, le suspect sert à Juan Luis Segundo comme un instrument méthodologique pour faire de la théologie.

Il a remarqué l'absence d'une chose fondamentale dans la Théologie de la Libération. En raison de ce manque, il a fait appel à de nouvelles explications méthodologiques, épistémologiques et anthropologiques, en essayant de voir ce qui amène dans l'hypothèse que Jésus de Nazareth et la tradition qui vient de lui, le processus d'humanisation. En remarquant cette lacune, il s'est exprimé ainsi: «Pour la théologie latino-américaine, que nous l´appelons ou non de Théologie de la Libération,  il manque une christologie". Ce manque de christologie, dit-il, constitue un vide dans la Théologie de la Libération.

Pour atteindre cet objectif, en dehors de l´utilisation des nouvelles explications méthodologiques, épistémologiques et anthropologiques, comme indiqué ci-dessus, il a vu l'importance d'aborder les Évangiles, en particulier les synoptiques, pour récupérer l´histoire, l´option et la proclamation de Jésus dans sa magnifique oeuvre: L´histoire perdue et récupérée de Jesus de Nazareth. Le travail reconnaît que Jésus n'est pas le patrimoine unique de la religion, il y a un intérêt universel dans les valeurs de Jésus au-delà de la foi en lui. Ainsi, sa contribution à la Théologie de la Libération, la christologie (christologie de la Libération). C'est ce qui manquait, selon lui, à la théologie latino-américaine.

Conclusion
En conclusion, nous pouvons considérer les mots du théologien péruvien Gustavo Gutiérrez montrant l'importance et la valeur des œuvres de Juan Luis Segundo, comme suit:
L´oeuvre théologique de Juan Luis Segundo constitue la tentative la plus importante d'entre nous, en Amérique latine, et d'une grande pertinence dans le niveau universel, à traiter (critiquement) les multiples facettes de la rupture d'appauvrissement entre la foi et la vie ... Dans ses écrits, constamment il cherchait à parler aux hommes de notre temps. Il savait comment le faire avec un intérêt particulier pour ceux qui ne partagent pas la foi chrétienne ou qui, pour une raison ou une autre, se sentent loin d´elle ... Son information et de raffinement intellectuels font que ses pages ne seront jamais laissées ses lecteurs indifférents.

En abordant la pensée théologique de Juan Luis Segundo, on peut noter que la méthodologie utilisée dans la Théologie de la Libération,  montre une nouvelle intelligence qui s´ouvre à de nouvelles pensées. Sa théologie tente de surmonter l'esprit étroit théologico-classique-disciplinaire. Par conséquent, il produit une théologie en dialogue, une théologie critique, une théologie ouverte, etc. Avec sa méthode, il a produit une théologie qui ouvre des nouveaux horizons de compréhension dont les enseignements sont fructueux. Sa théologie est donc une bonne nouvelle pour l'homme d'aujourd'hui.
Que cette brève réflexion soit une motivation pour ceux qui désirent mieux comprendre et approfondir la pensée théologique de ce grand homme de notre continent latino-américain qui est déjá parti, mais sa pensée reste vivante parmi nous!
Le théologien péruvien, Gustavo Gutíerrez, avait raison de dire: les pages de Juan Luis Segundo ne seront jamais laissées ses lecteurs indifférents.

Bibliografia
SEGUNDO, Juan Luis. A história perdida e recuperada de Jesus de Nazaré: Dos Sinóticos a Paulo. São Paulo: Paulus, 1997.
_________. A nossa ideia de Deus. São Paulo: Loyola, 1977. (Teologia aberta para o leigo adulto, 3).
_________. Essa comunidade chamada Igreja. São Paulo: Loyola, 1976. (Teologia aberta para o leigo adulto, I).
SEGUNDO, Juan Luis. Fé e ideologia: as dimensões do homem. São Paulo: Loyola, 1983.
_________. Libertação da Teologia. São Paulo: Loyola, 1978.
_________. O dogma que liberta: fé, revelação e magistério dogmático. São Paulo: Paulinas, 1991.
_________. O homem de hoje diante de Jesus de Nazaré. Vol. II. São Paulo: Paulus, 1985.
_________. O inferno como absoluto menos: um diálogo com Karl Rahner. São Paulo: Paulinas, 1998.
_________. Que Mundo? Que Homem? Que Deus? Aproximações entre ciência, filosofia e teologia. São Paulo: Paulinas, 1995.
_________. Teologia da Libertação: uma advertência à Igreja. São Paulo: Paulinas, 1987.
SOARES, Afonso Maria Ligório. Juan Luis Segundo: uma teologia com sabor de vida. São Paulo: Paulinas, 1997.
SOARES, Afonso Maria Ligório. Dialogando com Juan Luis Segundo. São Paulo: Paulinas, 2005.
CASTILLO CORONADO, Jesús. Livres e responsáveis: o legado teológico de Juan Luis Segundo. São Paulo: Paulinas, 1998.


Pierre Dieucel




[1] Prêtre Scalabrinien. 

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